30 août 2013

Film : 11.6

11.6 (2013)

Réalisateur : Philippe Godeau
Genre : Drame, Thriller

Synopsis :

L'histoire de Toni Musulin, un convoyeur de fond qui déroba un chargement de 11,6 millions d'euros.



Vêtue de sa caution "tirée d'une histoire vraie", Phillipe Godeau, à qui l’on doit le très bon Le Dernier Pour La Route, tente de percer le blindage de ce célèbre convoyeur, incarné par François Cluzet qui, depuis À L’Origine, est devenue l’assurance pour le cinéma français de disposer d’un personnage principal tout à la fois sympathique et ambiguë. Soignant son image et sa virilité, occupant gracieusement l'appartement d’une patronne de bar avec laquelle il a noué une relation, Toni Musulin est un personnage mutique, solitaire, insaisissable qui, un beau jour de novembre, détourna le montant de son chargement (11 millions 600 milles euros) avant de s’évaporer dans la nature pendant plus d’une semaine. Dès lors, ses proches, comme les médias, se sont interrogés sur ce qui a bien pu le pousser à commettre ce délit, ouvrant ainsi les portes à divers explications que le réalisateur incorpore au sein de son portrait. Soif de liberté, volonté de gagner, vengeance salariale, goût pour les belles choses. Tous le monde à son idée sur la question mais Phillipe Godeau, lui, ne parvient pas à trancher, à poser un regard clair et personnel sur cette démarche criminelle audacieuse. Le réalisateur se révèle alors parfaitement impuissant, ne parvenant ni à guider le spectateur (absence totalement de ligne directrice et de données temporelles), ni à embrasser les multiples zones d’ombres de son sujet (la comptabilité et les folles acquisitions du bonhomme ne sont évoqués qu’en surface), ni même à dépasser le simple cadre du fait divers en observant plus attentivement les mécanismes de la machine médiatique. Aucune véritable réponse, réelle ou fantasmé, ne naîtra donc de ce 11.6, dont l'intérêt repose uniquement sur une réalisation et une photographie propre, une bande-son électrique, ainsi que sur l’honnête interprétation de l’ensemble de la distribution. (2/5)


11.6 (France, 2013). Durée : 1h42. Réalisation : Philippe Godeau. Scénario : Agnès De Sacy, Philippe Godeau. Image : Michel Amathieu. Montage : Thierry Dérocle. Musique : Divers. Distribution : François Cluzet (Toni Musulin), Bouli Lanners (Arnaud), Corinne Masiero (Marion), Lionel Astier (le capitaine de la PJ).

18 commentaires:

  1. Raz le bol de Cluzet ............ ;-)

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    1. Tout de même, il é-cluzet beaucoup plus de projet il y a deux-trois ans.

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    2. Ce jeu de mots ... Ca colle Hector !

      Pour être plus sérieux; le film aurait pu être intéressant. (Idées mises en avant dans la critique; à savoir essayer de proposer une vision/version à ce "vol" d'une semaine.) Entrer dans les pensées du personnage; sans pour autant faire un documentaire, mais peut-être même donner à penser ... Ca aurait pu valoir plus que la moyenne si la chose avait été un peu mieux maniée.

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    3. Je peux me révéler parfois, au détour d'un commentaire, le digne héritier de Raymond Devos :)

      Ce film aurait pu effectivement être intéressant s'il y avait une vrai démarche autre que de dépeindre simplement les faits. Poser un seul et véritable regard sur les motivations du personnage. Au lieu de cela, on a une enfilade de cause qui sont trop plates, trop simples, trop peu marquantes pour qu'on puisse avoir un début de réponse.

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  2. Moi je n'en ai pas ras le bol de Cluzet, c'est plutôt de ce genre de biopics à la con. Le moindre fait divers récent a droit à son biopic alors qu'il n'y a parfois aucun recul. Le panar étant The Fifth state qui arrive à peine un an après les faits. Mais où est l'intérêt franchement avec toutes les chaînes d'info qui nous en cause 24h/24h? C'est pareil pour ce biopic qui apparaît surtout comme opportuniste et je n'ai pas bien l'impression que c'est ce qui s'est passé d'après ce que j'en ai vu.

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    1. 11.6 suit grosso modo le fait tel qu'il a été raconté partout dans la presse. Après, il n'y a aucun point de vue qui justifie son existence. Un bon docu type Faites Entrée L'Accusée fait tout aussi bien l'affaire.

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    2. Donc totalement insipide et inintéressant. Comme tu dis, dans ce cas, tu as autant aller voir l'émission de la 2 et encore je n'y vois aucun intérêt. En gros, le film fait le buzz à cause de l'actualité.

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    3. Je pars du principe que tout est intéressant du moment qu'il y a un point de vue et que le personnage traité apporte une vision globale de la société. Par exemple, le traitement de l'engrenage médiatique, qui pouvait élevé le débat, est ici réduit à une scène pas du tout intéressante.

      Dans le même genre, le film Possessions sur l'affaire du Grand Bornant, avait un point de vue (la jalousie) qui parle au spectateur parce qu'on se retrouve tous un jour dans une situation dans laquelle on envie l'autre. Là, la proposition de Godeau ne m'a pas du tout parlé car on ne sait vraiment pas pourquoi Musulin commet ce vol. Tu me diras, on ne le sait toujours pas, mais le but d'un film, pour moi, c'est d'explorer une réponse réaliste et vraisemblable.

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    4. C'est ce que je dis aussi mais perso je trouve que le recul est important. Comme là avec Jobs aussi. Le pauvre vieux est mort il y a 1 ou 2 ans paf t'as déjà un biopic réalisé. En gros, le premier mec mort ou qui fait le buzz a droit à son biopic. Cela me fait penser à The Social Network qui initialement avait tout du biopic casse-gueule. Pourtant, Fincher en fait une sorte de tragédie-grecque avec un type qui se retrouve au final seul alors que son but était d'être aimé.

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    5. Effectivement, Fincher avait parfaitement saisit le paradoxe de Zuckerberg et de sa création.

      Pour ce qui est de Jobs, je ne l'ai pas vu (et pas du tout envie de le voir), mais il y a moyen de faire quelque chose d'intéressant, lui aussi est assez paradoxale entre sa philosophie "baba cool" et sa façon de mener une politique de production et de financement loin d'être tendre. Mais, comme tu le dis très justement, ce genre de portrait nuancé ne voient que très rarement le jour lorsqu'ils sont lancés juste après leur mort (salir la mémoire d'un défunt, c'est mal vu). Je suis donc totalement d'accord avec toi, il faut parfois un peu de recul sur les choses pour pouvoir amener plus d'objectivité à son sujet.

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    6. Sauf que les extraits montrent plutôt un film ultra-classique et qui ne révèle rien de connu. Le problème du biopic en général c'est surtout que les personnalités ne deviennent pas des héros de cinéma. Or, c'était le cas dans The Social Network.

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  3. 11.6, est-ce qu'on doit appeler ça un biopic ?
    Perso, j'irai pas jusque là.

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    1. Le problème c'est que ce genre de film est surmédiatisé avec cet argument "inspiré de faits réels", donc un biopic vu que le nom est le même pour le personnage principal. Après j'en conviens que là c'est totalement usurpé, mais c'est le cas des trois quarts des biopics.

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    2. Cela reste un biopic mais c'est vrai que, dans ce cas, les 3/4 des films produits aujourd'hui sont des biopics puisque la plupart sont inspirés de faits réels.

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  4. Bientôt le biopic de Nabila façon Justin Bieber!

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  5. 2 FLICS : Moi j'appelle ça des "biopics partiels" ! Et là, je n'ai jamais trop compris l'intérêt de ce film ; c'est un fait divers assez banal, je trouve. Ton billet me conforte dans mes a-priori. En plus je n'avais pas trop aimé Le dernier pour la route que j'avais trouvé ennuyeux et mal foutu.

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    1. Alors en plus, si tu n'as pas aimé le précédent film du réal, je te déconseille de découvrir celui-ci. Le film peut présenter éventuellement un intérêt si on est fan de Cluzet (encore que, je ne trouve pas que c'est un de ces meilleurs rôles), ou si on ne connait absolument rien de cette affaire.

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