Film : Cogan - Killing Them Softly

Cogan - Killing Them Softly (2012)

Réalisateur : Andrew Dominik
Genre : Thriller

Synopsis :

Suite au braquage d'une maison de jeu, la mafia engage Jackie Cogan afin d’exécuter les membres les moins indispensables du milieu.

Libre adaptation d’un roman de George Higgins, Cogan - Killing Them Softly fait instantanément entrer son réalisateur, Andrew Dominik, au sein de la nouvelle garde du polar contemporain aux cotés de Nicolas Widing Refn. Après avoir renouvelé le western avec L’Assassinat De Jesse James, le cinéaste tire un trait sur l’âge d’or du grand banditisme en dévoilant un milieu beaucoup moins glamour. Terrain vague, bar miteux, quartier malfamé. Sur les terres d'une Louisiane ravagée par la pauvreté, la mafia mène des opérations de restrictions budgétaires, rechigne à laisser le moindre centime de pourboire et élimine sans le moindre scrupule les éléments dispensables au bon fonctionnement de leur entreprise. Avec la réalisation et la distribution, c’est le regard posé sur la pègre et plus largement sur la société Américaine qui fait la véritable force du film. Les parallèles entre la politique de licenciement imposée par un fantomatique conseille d'administration mafieux avec les discours fumeux du second tour de la campagne présidentielle américaine ont donc beaux être asséné de façon un peu trop systématique au cours du film, ils permettent néanmoins de déposer sur cette histoire, son ambiance et ses personnages un regard désabusé qui enracine un peu plus l’ensemble dans notre réalité. Le triste destin réservé à ce tueur au bord du gouffre (James Gandolfini), ce gérant de tripot lâché par ses supérieurs (Ray Liotta) et ce jeune loup broyé par le système (Scoot McNairy) nous touche alors davantage qu’ils ne sont, comme nous, que de simple pion sur l'échiquier de la finance. Aussi stylisé que la mise en scène d’Andrew Dominik, Brad Pitt, impérial dans son costume de croque-mort, nous ouvre alors brutalement les yeux avec une ultime réplique qui permet à ce magnifique polar de s'inscrire durablement dans nos mémoires. (4.5/5)

En Bref

• Les + : La magnifique distribution et la superbe performance de Brad Pitt, la mise en scène stylisé d'Andrew Dominik, la qualité de la bande-son, des personnages forts et attachants, un contexte social et politique qui donne de l'épaisseur à l'univers du film et la superbe photographie de Greig Fraser

• Les - : Les extraits des discours politiques, dont les utilisations systématiques alourdissent le message du film.