29 septembre 2013

Film : Trance

Trance (2013)

Réalisateur : Danny Boyle
Genre : Thriller

Synopsis :

Devenu amnésique suite à un braquage qui a mal tourné, Simon, commissaire-priseur, est contraint par les braqueurs de consulter une hypno-thérapeute afin de retrouver la trace de l'inestimable tableau qu'il s'apprêtait à mettre aux enchères.


Danny Boyle est aujourd'hui davantage un publicitaire qu'un cinéaste. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il a été catapulté chef d'orchestre de la cérémonie d’ouverture des J.O. de Londres afin de vendre, aux téléspectateurs du monde entier, la culture et l’esprit britannique. Indéniablement, le bonhomme a du talent quand il doit présenter au public des concepts, des marques. Trance repose d’ailleurs sur une idée ambitieuse : l’hypnose. Pour nous nous convaincre d’aller découvrir son nouveau long métrage, il réunit, devant sa caméra, trois bons commerciaux : James McAvoy, Vincent Cassel et Rosario Dawson. La présence brulante de l’actrice américaine vaut d’ailleurs à elle seule le déplacement, incarnant avec beaucoup de conviction une thérapeute ambiguë dont on a beaucoup de mal à saisir les motivations. Une performance qui éclipse un peu celle de ses partenaires, moins étonnante même s’ils donnent parfaitement le change tout au long du film. Se met alors en place un étrange jeu de dupe, où chacun passe de la position du dominateur à celle du dominé. A l’aide de son acolyte scénariste John Hodge, le réalisateur fait voler en éclat la zone de confort des trois personnages principaux pour renforcer leur solitude et nous les rendre vulnérables aussi bien psychologiquement que physiquement. Une technique qui, en théorie, garanti la création d'un suspens solide. Mais en pratique, derrière ces atouts, un problème de taille se pose très vite. En effet, Trance met en exergue le paradoxe qui touche la majorité des récits à tiroir moderne, à la fois dirigiste dans sa progression visuelle et faussement complexe sur le fond. Parce qu’il ne faut surtout pas perdre le spectateur, mais qu’il faut suffisamment brouiller l'intrigue pour exiger de lui une attention sans failles et justifier, même artificiellement, les ruses psychologiques mise en scène, le réalisateur accouche d’une oeuvre frustrante, terriblement incomplète, et qui ne vaut son salut que pour ses évidentes qualités plastiques et quelques jolies scènes. "Tout ça pour ça !". Une conclusion à laquelle Trance n’échappe malheureusement pas, laissant un ensemble vide branché comme point final à un trip qui ne tient pas toutes ses promesses. (2/5)


Trance (Royaume-Uni, 2013). Durée : 1h41. Réalisation : Danny Boyle. Scénario : John Hodge, John Ahearne. Image : Anthony Dod Mantle. Montage : Jon Harris. Musique : Rick Smith. Distribution : James McAvoy (Simon), Vincent Cassel (Franck), Rosario Dawson (Elizabeth).

23 commentaires:

  1. Une mécanique qui tourne à vide...
    Vite perdu j'ai laissé tombé en cours de route.

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    1. Je n'étais pas perdu, mais il est clair que ça tourne à vide.

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  2. Moi pas perdu pour le coup et ça m'a même beaucoup plu. Une vraie plongée de la psyché des personnages au point de confondre tous les acteurs avec leurs rôles, empêchant tout manichéisme. Tous les personnages changent de statut, passant de victimes à salauds et vice versa. D'autant que les acteurs sont bons et notamment Cassel qui n'est pas toujours à sa place à l'international. Là ça marche du tonnerre.

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    1. Je n'ai pas été perdu non plus, mais je suis vraiment resté sur ma faim. Heureusement qu'il y a les acteurs et de belles images.

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    2. Moi non d'autant que Boyle joue habillement avec les nerfs du spectateur. Un tour de magie en fin de compte. Perso j'ai vu bien plus navrant et notamment de films de studios.

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  3. Je n'ai, comme toi, pas beaucoup d'estime pour ce film tape-à-l'oeil et alambiqué.

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    1. Yep, c'est pas extra même si il y a eu pire cette année.

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    2. J'ai dû éviter le pire alors ;)

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    3. En gros Die Hard 5, L'aube rouge, Happiness therapy (cela ne plaira pas à beaucoup mais je m'en fous pour le coup, ras le bol des films à la con de ce genre sortant de Sundance) ou Very Bad Trip 3.

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    4. En effet, je ne me suis déplacé pour aucun de ceux-là. Pourtant, "die hard 5", après la superbe chronique tu as faite récemment...

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    5. C'est ma schizophrénie : je trouve des bonnes choses même dans des immondices cinématographique telles que Die Hard 5.

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    6. Et moi j'adore décortiqué des navets pour voir ce qu'il ne faut jamais faire au cinéma!

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  4. Hum... les avis sont partagés, on dirait. Film à voir donc. Danny Boyle, McAvoy, Cassel, Dawson... rien que ça, ça rend le film incontournable !

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  5. Oui effectivement, c'est un peut "Tout ça pour ça", en même temps le film n'a pas d'autres ambitions que de proposer un jeu. Et sur ce point, il est très fort puisque jusqu'au bout, on se demande qui manipule qui (un peu comme dans Usual suspects ou Inception). Le côté clippesque peut gêner, voire agacer, perso je trouve qu'il va bien avec l'aspect ludique et artificiel du film.

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    1. Le côté clip ne m'a pas plus agacer que cela non plus. Comme tu le dis, ça va plutôt bien avec le flou mentale proche du rêve qu'impose l'hypnose.

      Pour le coté "jeu de rôle", c'est marrant au début mais au bout d'un moment, il y a toutes les images des précédents polars mentaux qui reviennent à l'esprit, et j'ai eu l'impression, comme le dit Ronnie, que le récit tournait à vide, sans véritable direction dramatique. Celle choisit au final m'a d'ailleurs déçu.

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  6. pas vu le dernier Danny Boyle, mais j'ai lu des avis peu élogieux à son sujet, donc ce sera sans moi

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  7. Tu connais mon avis sur ce film, et je suis plutôt d'accord avec ton avis. Faussement complexe et un twist bien roublard, en effet, après personnellement les qualités plastiques que tu cites empêchent le film de sombrer par son fin mot de l'histoire, et y'a quelques belles tentatives.

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    1. C'est clair que plastiquement, il y a de vrais efforts. C'est davantage le fond qui pèche, en fait.

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  8. Bonjour, je ne savais pas trop ce que j'allais voir avant d'entrer dans la salle. Je m'attendais à un petit polar sympa et bien j'avoue avoir été déçue. Le scénario ne tient pas la route, la scène "gore" n'apporte rien et James McAvoy n'a pas le physique de l'emploi. Tout est dans l'esbroufe.Bonne après-midi.

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    1. C'est un type rôle que l'on ne lui prêterait pas forcement au premier abord, je pense que s'est fait exprès pour induire en erreur le spectateur dans sa façon d'appréhender le personnage de Simon.
      Personnellement, je trouve que son jeu fonctionne mais on l'a connu plus brillant dans d'autres films.

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  9. Certains amateurs érigent Boyle comme une supra-référence ... Et Trance montre une fois de plus que le nom ne suffit pas. Il ne m'intéresse pas beaucoup à la base, et les critiques lues là et ici n'aideront pas à constituer un avis en faveur d'une nouvelle création "Boyle".

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