Film : Guet-Apens

Guet-Apens (1973)

Réalisateur : Sam Peckinpah
Genre : Thriller

Synopsis :

Incarcéré, Doc McCoy accepte le marché proposé par un truand notoire, Jack Benyon : en échange de sa libération, Doc s'engage à organiser et à participer au braquage d'une banque. Il sera épaulé dans sa tâche par sa compagne, Carol McCoy.

La violence, c’est ce qui définit le cinéma de Sam Peckinpah comme l’ambiance qui a régné sur le plateau de Guet-Apens, le huitième long métrage du réalisateur. Adaptation d’un roman de Jim Thompson, le projet s’engageait dès le départ sur la mauvaise voie. En effet, le scénariste, le jeune Walter Hill, a édulcoré les évènements et les personnages présents dans le livre, s'attirant ainsi les foudres du cinéaste. Le tournage ensuite, émaillé par les constants rapports de forces entre Peckinpah et Steve McQueen, également producteur du film, et par les intrusions de la horde sauvage de photographes, se pourléchant devant la romance naissante entre l’acteur principal et sa partenaire, la sublime Ali MacGraw, ne facilita pas le travail de l'équipe technique. Le coup de grâce sera définitivement porté par la star, dont l'arrogance le poussera à éjecter sans ménagement le score composé par Jerry Fiedling, collaborateur régulier du réalisateur, pour imposer celui de Quincy Jones, jugé plus actuel. Alors que tout le monde pense avoir embarqué sur le radeau de la Méduse, le succès public viendra rapidement occulter les souffrances causées par le tournage, permettant ainsi à l’acteur ainsi qu'au réalisateur de renouer avec le succès qui les avait quitté. Il faut dire aussi que Guet-Apens permet de retrouver Sam Peckinpah là où la majorité des spectateurs de l'époque l’attendaient, démontrant une fois de plus toute l'étendue de son talent dans ce nouveau polar. Aussi violent que le récit qu’il met en scène, le montage, pièce maîtresse du long métrage, ici assuré par Robert Wolfe, est un cours de cinéma à lui-seul, multipliant les artifices pour créer la narration la moins linéaire possible. On ne va pas se mentir, il faut un petit temps d’adaptation pour appréhender la grammaire visuelle appliquée par le cinéaste et son monteur, mais une fois accueillit, elle ne représente plus une barrière. Au contraire, elle permet d’apporter sécheresse et dynamisme à une intrigue somme toute très classique et pas forcément très intéressante à suivre de prime abord. La violente passion qui lie le couple McQueen/MacGraw relève d'ailleurs considérablement le niveau film, à l'image du personnage de Rudy, odieux gangster sans foi ni loi incarné par Al Lettieri, ainsi que des puissants gunfights offerts par le cinéaste, décidément très à l’aise dans cet exercice. Guet-Apens n’est sûrement pas son meilleur film (ma faible expérience au sein de son cinéma ne me permet pas, toute fois, d’être catégorique à ce sujet), mais il reste un petit classique indispensable pour tous ceux qui se destine à une carrière de monteur. (4/5)

The Getaway (États-Unis, 1972). Durée : 2h02. Réalisation : Sam Peckinpah. Scénario : Walter Hill. Image : Lucien Ballard. Montage : Robert Wolfe. Musique : Quincy Jones. Distribution : Steve McQueen (Doc McCoy), Ali MacGraw (Carol McCoy), Al Lettieri (Rudy Butler), Ben Johnson (Jack Benyon), Sally Struthers (Fran Clinton), Slim Pickens (le vieux cowboy).