3 septembre 2013

Film : Collateral

Collateral (2004)

Réalisateur : Michael Mann
Genre : Thriller

Synopsis :


À Los Angeles. Max, chauffeur de taxi, embarque Vincent, un mystérieux individu qui se révèle être un tueur à gage.



Trois ans après avoir porté sur grand écran la carrière du boxer Mohammed Ali, Michael Mann signa son grand retour sur la scène du polar urbain avec Collateral, retrouvant ainsi cette cité des anges qu’il illumina jadis avec Heat. Ce film de commande, dont le destin aurait très bien pu être sellé par un simple fabricant de divertissement (Mimi Leder était d'ailleurs un temps pressentie), devient, entre les mains de ce maestro du thriller, un pur chef d’oeuvre qui dépasse largement le cadre du genre qu’on lui avait attribué. Le modèle de base est pourtant excessivement banal, tout reposant sur la rencontre impromptue entre un type lambda (Max, chauffeur de taxi) et un éléctron libre (Vincent, tueur à gage). Mais le cinéma de Michael Mann, c’est bien plus que de simples personnages. Ce sont les icônes d'un microcosme urbain que le cinéaste se plaît à contempler et à analyser. Ce qui importe, ce ne sont dés lors plus le caractère "grand spectacle" des mises à mort programmées par la feuille de route de Vincent, mais les temps morts qui ornent son parcours. Beaucoup aurait pris soin de raccourcir les trajets entre les différentes cibles afin de doper le rythme du récit, mais le cinéaste et ses monteurs, Jim Miller et Paul Rubell, font de ces moments de creux, des plages au cours desquelles s’entrecroisent l'expérience de ces deux personnages. Parce que la route et l’espace exiguë de la cabine de taxi force l'échange et le dialogue dans un monde replié sur lui-même, cloisonnée, déshumanisé, imposant sa loi sur les millions d’individus, le film s’ouvre sur un passionant discours philosophique sur l’Homme. Los Angeles, mégalopole tentaculaire vêtue de ses plus beaux atours pour les besoins d’un filmage en Haute Définition de toute beauté, devient alors le socle parfait de cette vision cruelle d’une humanité aliéné et indifférente. Soutenu par le superbe duo formé par Tom Cruise et Jamie Foxx, quelques embardées d'anthologies (la dantesque fusillade dans le club coréen), ainsi que par une bande-son magnifique, Collateral nous électrise et nous emporte jusqu’à un final à couper le souffle. (5/5)


Collateral (États-Unis, 2004). Durée : 2h00. Réalisation : Michael Mann. Scénario : Stuart Beattie. Image : Dion Beebe, Paul Cameron. Montage : Jim Miller, Paul Rubell. Musique : James Newton Howard, Antonio Pinto. Distribution : Jamie Foxx (Max Durocher), Tom Cruise (Vincent), Mark Ruffalo (l'inspecteur Ray Fanning), Jada Pinkett Smith (Annie), Peter Berg (l'inspecteur Richard Weidner), Bruce McGill (l'agent du FBI Frank Pedrosa), Javier Bardem (Felix Reyes-Torreno), Irma P. Hall (Ida Durocher), Barry Shabaka Henley (Daniel).

32 commentaires:

  1. Mon préféré de Michael Mann devant Le dernier des mohicans et son dernier bon film aussi. Tom Cruise, tel un loup charognard, traque sa proie avec une sauvagerie monumentale. Je retiendrais toujours la scène du night club où l'acteur Est au sommet. La réalisation dans cette scène se veut dynamique, jouant sur les lumières et la poudre. Ne manquons pas de parler de Jamie Foxx qui s'avère vraiment bon en gars qui est au mauvais endroit au mauvais moment.

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    1. Effectivement, la scène du night club est énormissime. J'aime aussi énormément le face à face dans la boite de jazz.

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    2. C'est la parfaite anti-thèse. L'une est excessive et énergique, celle-ci est plus posée, plus dans le suspense.

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  2. En salles je n'avais pas été 100% convaincu, mais plus je revois ce film et plus il me plaît. Pas bête la notion de microcosme, ce serait un détail passionnant à analyser dans le cinéma de Michael Mann.

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    1. J'ai parfois pensé à faire un p'tit truc sur Michael Mann. Sa vision du monde et du cinéma me parle énormément, mais j'attends que mon écriture et mon style soit à la hauteur de mon admiration pour ce cinéaste.

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    2. Rho quand même, tu as sans aucun doute une parfaite maîtrise des mots, allez zou au boulot je veux lire ça ; )

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    3. Je vais tenter de m'y mettre alors :)

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  3. Pas mieux. L'acuité de ta prose rend parfaitement grâce aux qualités infinies du film ainsi qu'à l'immense talent de son réalisateur. Un chef d'oeuvre, incontestablement.

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    1. Tu m'envoies ravit, camarade :) Mais j'en suis sur que tu ferais mieux, rien qu'en ayant lu ton billet sur Miami Vice.

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  4. Pas le meilleur Mann en ce qui me concerne ( Cruise en gros méchant ici j'ai du mal ), m'avait habitué à mieux le client, Manhunter ou The Last of the Mohicans pour ne citer qu'eux.

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    1. J'ai vu tous les films de Mann à partir de Heat. Je n'ai jamais vu Manhunter, Le Dernier Des Mohicans, Le Solitaire et La Forteresse Noire.

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    2. IL faut absolument te ruer sur "le solitaire" avec James Caan qui porte en germe l'esprit de ses polars à venir. "Le dernier des mohicans" est une adaptation romanesque et romantique de Cooper que j'ai personnellement eu du mal à apprécier puis qui s'est finalement révélée après plusieurs visions. J'ai vu "Manhunter" il y a trop longtemps pour avoir un avis clair. Enfin, "la Forteresse Noire" et son génie maléfique Molasar (qui me sert de doublure) est un diamant noir qui, malgré son esthétique datée, demeure un objet filmique fascinant.

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    3. Je dois dire que Le Dernier Des Mohicans, malgré sa réputation, est le film qu'il me tarde le moins de découvrir. La Forteresse Noire est peut-être celui qui m'attire le plus. Cela à l'air d'être un film possédant un climat assez particulier.

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  5. J'ai pas grand chose à dire, juste qu'il est exceptionnel comme film !!!

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  6. Un film percutant, N'ayant pas été bien emballé par miami vice je n'ai pas vu les films suivant de Mann mais en tout cas "Collateral" restera l'un des meilleurs films du metteur en scène. Cruise, Foxx, Pinckett smith, Ruffalo,... un très bon casting et une réalisation dantesque. Du grand cinéma.

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    1. Beaucoup n'ont pas été convaincu par Miami Vice, à cause du jeu des acteurs, parce qu'il s'éloigne des carcans du buddy movie, parce que c'est romantique. Je suis un des nombreux fervents défenseurs de Miami Vice, que j'adore, tout comme Public Ennemies, qui à au moins le mérite d'offrir autre chose à Depp qu'un rôle de fanfaron.

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    2. Le problème c'est que l'on ne retrouve rien qui faisait le sel de la série... attention, je sais que nous ne sommes plus dans les années 80 et que le film ne pouvait pas être pareil mais l'on aurait pu au moins espérer que l'on retrouve quelques uns des traits qui caractérisait les personnages et qui justement faisait que l'on s'attachait a eux... rien de tout cela malheureusement. Il y avait du romantisme dans la série (dans pas mal d'épisodes en tout cas) et la série était souvent dramatique, ce n'était pas un buddy movie à l'humour lourdingue... l'humour était intélligent et jamais excessif (sauf dans quelques épisodes de la dernière saison qui explique aussi quelle ait été annulé)..; on ne retrouve a aucun moment le charme de la série et des personnage. Je respect ton avis sois en sûr, mais moi je ne peux défendre Miami Vice... comme toujours, le cinéma n'arrive pas à nous offrir une adaptation fidèle ... même michael mann n'en a pas fait l'effort. Dommage, l'intrigue était pourtant prometeuse.

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    3. Je rejoins Nicos, ce n'est pas le jeu des acteurs qui gène le plus, c'est tout simplement le non-respect total envers la série. On n'y retrouve rien du tout. Sans compter l'intrigue à deux francs. Certes Miami vice ne brillait pas par la grandeur de ses scénars, mais au moins son ambiance décontracté et la bonhomie des acteurs. On dirait que le petit Colin n'a pas chié depuis quinze jours et que Jamie ne sait pas comment prendre le fait qu'il n'est qu'un vulgaire sidekick.

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    4. Le jeu des acteurs ne te gêne pas trop, mais il te gêne quand même :)

      Je comprend totalement vos deux avis. Je ne connais la série que de loin, donc je ne me prononcerais pas davantage sur la fidélité à l'oeuvre original (c'est peut-être pour cela aussi que j'aime autant Miami Vice). D'ailleurs, l'appréciation de la fidélité est toute relative et variable selon les spectateurs, tout dépend de la vision que le film tente d'introduire, et celle ci nous parle.
      L'orientation plus sérieuse (grave serait peut-être plus juste), moins décontractée, de ce portage était néanmoins prévisible. Comme le souligne Princecranoir dans l'article qu'il a consacré à Miami Vice, Michael Mann n'est pas homme à faire dans l'humour, même le temps d'un court instant.
      Par ailleurs, l'intrigue, je la trouve loin d'être simple, basique, sans relief, bien au contraire. Elle n'est pas plus simple que celle qui couvre ce Collatéral. Cette vision du monde, de la duplicité, du temps qui passe et du destin imprègne les images et le discours de Miami Vice comme celui de Public Enemies, Heat, Collateral ou Révélations. On ne peut pas dire que la trame est "à deux francs" ou qu'elle est vide de sens. Après, on est sensible ou non à la façon dont ces thèmes sont amenés, c'est pour cela que je peux parfaitement comprendre que l'on n'adhère pas à la romance entre Ricardo Tubbs et Isabella.

      Finalement, Miami Vice, c'est peut-être un test pour Michael Mann : ceux qui sont fidèles à sa vision et ceux qui sont fidèles à celle de la série originale.

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    5. Ce n'est pas tant les acteurs que l'utilité de leur personnage. Foxx ne sert à rien au point de se demander si ce n'est pas Un flic à Miami que le film aurait dû s'appeler. Ce n'est qu'un banal film d'infiltration comme on en voit tant et l'année suivante The departed l'atomisait sur le même terrain et avec des personnages attachants, là où ceux de Mann sont stériles au possible. J'aime bien le Michael Mann d'avant Collateral mais depuis oulala. Son public enemies confirmera un peu plus cela.

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    6. Qu'on n'aime pas le film, je le conçoit totalement, mais je persiste à dire et à penser qu'il n'a rien d'un banal film d'infiltration. Qu'on l'aime ou pas. Il n'y a qu'a lire les diverses analyses qui fleurissent autour de ce film pour s'en convaincre.

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    7. Bah je ne vois pas où on peut faire d'analyse d'un film aussi plat. Moi ça me fait plutôt rire mais bon je laisse ce film à ses fans, je préfère encore demander à Nicos de me passer l'intégrale.

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    8. Cherche et lis ces analyses, et après on en reparle.

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    9. Mais je n'en ai pas envie puisque ce film est pour moi un navet. Je ne vois pas l'intérêt de lire ce passage sur ce film et me dire plus d'une fois "putain mais c'est pas vrai de lire ça". ça m'est arrivé la même chose quand j'ai lu l'interview (invraisemblable) de Mad Movies sur Fede Alvarez le réalisateur d'Evil dead. J'avais envie de me cogner la tête contre un mur.

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    10. Je trouve que c'est enrichissant de lire des choses intéressantes, quels que soit la qualité du film. Après, c'est toi qui vois...

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  7. excellent cru de Michael Mann, mon préféré peut-être. Tom Cruise devrait jouer plus souvent les bad guys au cinéma

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    1. Oui, c'est vrai qu'il est plus intéressant quand il joue des personnages noirs, comme c'était d'ailleurs le cas dans Magnolia.

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    2. Et dans Tropic Thunder quel connard! Son monologue avec les terroristes est à se pisser dessus en VO comme en VF.

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    3. C'est vrai, j'avais oublié son rôle dans Tropic Thunder.

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  8. Pour moi perso, un des chefs d'eouvre de la décade passée. Ce film m'a emporté la première fois que je l'ai vu, et m'inspire toujours autant. Bon d'accord, il faut s'y faire au rendu HD (que je n'ia pas apprécié dans "Public Enemies" et aux plans sombres, mais la brillance du script et de la mise en scène nerveuse de Mann finiseent pour nous faire adhérer au métrage. Simple, terrifiant, nihiliste, une pure bombe.

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    1. C'est plus dérangeant dans Public Enemis car il a un vrai choc entre le contexte historique et la méthode de filmage. Mais je suis d'accord : la HD, telle qu'utilisé par Mann, possède une texture particulière. Mais c'est ce qui participe à la magie de ce film, je pense.

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