Réalisateur : Sam Mendes
Pour ce premier billet de cette nouvelle rubrique, nous allons parler de la scène du gun-barrel présente dans Skyfall (si, si, il y en a une, et bien cachée en plus !).
Avec les même ingrédients que ses prédécesseurs, le chef Sam Mendes revisite la recette du bon James Bond pour en faire un grand plat que l’on rêve de consommer sans modération. Cette volonté de renouvellement commence dès l’ouverture avec la fameuse scène du Gun-barrel qui est ici mise en scène d’une façon pour le moins inattendue. Créé initialement par Maurice Binder pour Dr. No en 1962, cette séquence de pré-générique illustre généralement le centre d’un canon de revolver dans laquelle le célèbre espions anglais marche de profil avant de se tourner face caméra et tirer.
Le Gun-barrel classique - ici celui de Goldeneye (1995) |
Sam Mendes a tout fait pour l'inclure au début de Skyfall, allant jusqu'à insérer le motif du canon sur le plan d'ouverture mais, de son propre aveu, il a trouvé que cela ne fonctionnait pas ("cela avait l'air ridicule !"). Mais qu'il se rassure car, malgré l'absence graphique du gun-barrel, l'esprit de cette séquence est tout de même présent.
Dans ce plan d'ouverture, au lieu d’observer Bond par le bout du canon de son adversaire, le réalisateur décide de le faire avancer face caméra dans un couloir, passant d’un plan large où l’on ne distingue qu’une vague silhouette, à un gros plan dévoilant les traits de l’acteur Daniel Craig qui clôt ce mouvement en levant son arme, laissant dès-lors entrevoir le bout de son pistolet. Tous les ingrédients sont donc là (le canon, James Bond) mais ils sont ici accommodés sous une forme moins classique et beaucoup plus naturelle, intégrant directement cette scène au récit. Par cette manœuvre, Sam Mendes cherche donc moins à impliquer le spectateur dans l’action comme cela était le cas dans les précèdent film de la franchise (qui poussait le vice jusqu’à modéliser en 3D la balle sortant du pistolet de Bond) que le plonger dans l'âme de ce héros torturé. Une approche dramatique que le réalisateur s’emploiera à prolonger durant les 130 minutes qui suivront cette scène.
Le plan d'ouverture dans Skyfall |
Je ne le voyais pas comme sa, mais ton analyse fais voir le début autrement même si on retrouve le Gun Barrel a la fin aussi ... Cela prouve toute l'ingéniosité de Sam Mendes
RépondreSupprimerAprès, je ne sais pas si la façon dont ce plan est mis en scène est consciente chez Mendes, mais je l'ai ressentit comme cela. Et puis ça reste une analyse donc avec une part de subjectivité :)
SupprimerPetite Info: Sam Mendes renonce a réalisé le prochain James Bond, Sam Mendes est beaucoup trop occupé
SupprimerOui, j'ai vu ça ce matin. Dommage.
SupprimerJe remarque que depuis que l'ami Craig est aux commandes, ils ont du mal à sortir le gun-barrel!lol Mais la manière de faire de Mendes est plutôt efficace. Une belle intro, montrant petit à petit le héros arrivant vers la caméra. Mais si je devais retenir une scène ce serait la scène d'infiltration dans l'immeuble. Le tueur qui arrive progressivement sur le terrain, Bond qui se faufile, les lumières, la belle Berenice de loin... Miam!
RépondreSupprimerOui, cette scène est aussi très bonne surtout que c'est la première exécution de Bond après sa retraite. C'est autant un duel contre Patrice qu'un affrontement avec lui même (d'où le décor composé de reflet).
SupprimerJe n'avais pas non plus vu cela de cet oeil, mais ça colle bien. J'avais une autre vision de ce plan dont j'avais parlé dans ma critique, comme quoi le couloir sombre illustrait la trajectoire scénaristique bordélique qui malmène Bond depuis très longtemps (sérieux, les Pierce Brosnan quoi !!! et beaucoup d'autres). Je reconnais que c'est un peu imaginatif comme théorie, mais c'est aussi ce qui fait la force du cinéma la multiplicité des interprétions.
RépondreSupprimerEffectivement, les analyses se basent toujours sur des interprétations personnelles, le seul élément obligatoire est que cela tienne un minimum la route. Peut-être que l'on peut voir cette scène comme toi, à savoir un Bond enfin révélé.
SupprimerBien vu, ton analyse se tient très bien. Étant assez vieux jeu (?!), je regrette quand même la séquence old school du gun barrel qui, perso, me procure toujours autant de frissons à chaque fois que je la vois ! Dommage de l'avoir zappé, elle permettait une entrée en matière reconnaissable entre toutes et un ravissement graphique qui sait faire encore son effet.
RépondreSupprimerC'est vrai que commencer par le gun-barrel, ça fait quelque chose ! Mais techniquement, compte tenu de la nature de ce plan, cela n'aurait pas fonctionné. Le film aurait alors du commencer par un plan d'ensemble mais du coup, la scène où Bond sort de la maison pour atterrir dans les rues d'Istanbul n'aurait pas eu le même impact.
SupprimerBeaucoup n'avaient pas vu en l'apparaition de Bond le Barrel Gun qequence, ce qui est pourtant l'une des subtilités les plus appréciables de cet épisode.
RépondreSupprimerJe regrette juste que la séquence animée ait moins de prestance que celle des épisodes précédents. Je ne suis pas contre qu'on en finisse avec le vieux cliché des femmes en positions lascives sur des flingues géants avec un background psychédélique, mais faut avouer que le main title de cet épisode, bien qu'esthétiquement plaisant semblait moins inspiré.
Je trouve aussi le main title très beau et qu'il reflète parfaitement l'univers de ce nouveau Bond. Mais, comme tu le dis, ce n'est pas le plus beau. Celui de Casino Royale est autrement plus percutant. Ceux de Robert Brownjohn pour Goldfinger et Bons Baisers De Russie sont également superbes.
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