1 novembre 2013

Bande Originale : Gravity

Compositeur : Steven Price
WaterTower Music/2013/71:44

Gravity est la première collaboration entre le compositeur Steven Price et le réalisateur Alfonso Cuarón.

Double actualité en cette fin d’année pour ce grand inconnu de la musique de film qu’est Steven Price. Après avoir débuté au sein des départements de musique sur les deux derniers volets de la saga The Lord Of The Rings, sur Batman Begins et Paul, le voici arrivé au rang de compositeur en chef sur The World’s End, ainsi que sur le très attendu Gravity.

Commençons tout d’abord par apporter un ordre de grandeur, histoire de replacer cette partition dans son contexte. L'oeuvre réalisé par Alfonso Cuarón dure approximativement 90 minutes. Le score, quant à lui, tel qu’il est présenté par WaterTower, s’étale sur 71 minutes. Cela signifie donc qu’un peu plus des 2/3 du film est accompagnée d’une musique, tout en sachant que la version commercialisée d'une bande originale ne propose jamais (ou très rarement) l’intégralité de la musique originale. Un sacré paradoxe pour une aventure qui, en ouverture, nous informe qu’aucun son, d'aucune nature, ne peut se propager dans l’espace. Pourquoi alors ne pas avoir donner ses lettres de noblesse au son (ou plutôt à son absence) de l'univers cosmique en restreignant la présence d'une musique extradiégétique ? Évidemment, le réalisateur avait demandé à son compositeur, en l’occurrence Steven Price, de créer une partition de l’espace. On va alors le juger sur le travail exécuté, et non sur celui qu'il aurait du commettre. Il y a donc deux versants dans Gravity que l’artiste se devait d’enluminer : l’action et la contemplation (visuelle et/ou émotive). Pour ce qui est du premier aspect, lors de la projection du long métrage, on avait l’impression que les scènes spectaculaires étaient parasitées par le scoring. L’écoute séparé, très utile finalement quand on s'intéresse au rôle, l'articulation et l’emploi de la musique, permet alors de mesurer ses faiblesses. On se rend ainsi compte que le recours, volontaire, aux basses fréquences et aux indices électroniques (du genre de ceux qu'émettait le premier Spoutnik en son temps) sature énormément l’écoute et l'immersion, rendant toute forme de plaisir impossible - sauf pour ceux qui aime le gros son à la Hans Zimmer (Tiangong et Shenzou, deux versions alternatives de Chevaliers De Sangreal et Science And Religion). Pour ce qui est des pistes plus intimistes, il y a, en revanche, une vraie discipline dans ce désire d’évoquer la solitude de l’être et du corps dans l’espace sonore du film, tout cela conjugué à la sidération du paysage (Don’t Let Go, ou le triptyque Aurora Borealis, Aningaaq, Soyuz). Tout n’est donc pas à jeter dans cette proposition mais, malgré tout, il faut bien admettre qu’une bonne moitié du score manque cruellement de délicatesse. (2.5/5)

Tracklist

01. Above Earth (1:50)
02. Debris (4:24)
03. The Void (6:15)
04. Atlantis (3:43)
05. Don't Let Go (11:11)
06. Airlock (1:57)
07. ISS (2:53)
08. Fire (2:57)
09. Parachute (7:40)
10. In the Blind (3:07)
11. Aurora Borealis (1:43)
12. Aningaaq (5:08)
13. Soyuz (1:42)
14. Tiangong (6:28)
15. Shenzou (6:11)
16. Gravity (4:35)


9 commentaires:

  1. Pas plus convaincu par la BO donc. A part les envolées lyriques New Age de la fin, cette bande-son me semblait pourtant acceptable (bien qu'au diapason des flonflons hollywoodiens, tu cites Zimmer à raison), à savoir celle d'un thriller spatial qui monte en puissance puis parfois s'interrompt brusquement. C'est sûr, c'est pas Richard Strauss ou Ligeti, mais je trouve que ça fonctionne.

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    1. C'est variable, il y a des pistes qui sont vraiment très agréable, d'autres qui sont clairement insupportables. Je pense que l'impact du film joue beaucoup dans l'appréciation de cette bande originale, mais déjà avant de voir le film, je n'avais pas accroché à cette musique.

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  2. Au contraire, moi je la trouve vraiment bonne. D'un côté on a des morceaux violents et oppressants et de l'autre des morceaux plus tendres. En fait c'est surtout sur l'état d'esprit des personnages qui rend la musique ainsi.

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    1. Pour moi, c'est un poil plus supportable que du Steve Jablonsky, c'est déjà pas si mal :)

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  3. Perso je trouve que dans le film cela se marie très bien avec les images, en tous cas bien plus que la musique de merde de Jablonsky. Ce ne sont pas les grands sabots patriotes ici...

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    1. Au moins, nous sommes d'accord sur le sort à réserver à Jablonsky :)

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    2. Clairement il peut rester chez Bay, il concorde totalement avec la personnalité du coco. Il n'y a qu'à entendre quelques extraits des Transformers. On en vient même à parodier ses musiques.

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  4. C'est l'une de ces BO que l'on a du mal à écouter en écoute isolée.

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