Réalisateur : Paul Greengrass
Genre : Thriller, Action
Synopsis :
Longeant les côtes africaines, le cargo Maersk Alabama, commandé par le capitaine Richard Phillips, est abordé par des pirates somaliens.
Ancien reporter de guerre, le réalisateur britannique Paul Greengrass a couvert tous les fronts, de la révolte irlandaise (Bloody Sunday) à la fronde contre le mensonge irakien (Green Zone), en passant par les faubourgs de l’espionnage technologique (les deux derniers volets de la trilogie Jason Bourne) et les promenades d’un 747 en détresse (Vol 93). Spécialiste des récits de crise et désavoué par le système Hollywoodien suite à l'échec public de son dernier film, il accepte tout de même de s'emparer de Richard Phillips, capitaine de cargo qui devint la monnaie d’échange d’une poignée de pirates somaliens. Sans véritablement transformer le film de survie, le cinéaste, accompagné du scénariste Billy Ray, font néanmoins preuve d'une certaine intelligence quant à la manière d'aborder leur sujet. Pas de débordement lacrymal, pas de confession mièvre, ni d'héroïsme superflu, la narration se contente d’ouvrir son champ sur l’horizon d’un monde à risque, doublé, en creux, d’une vision paternaliste incarnée par le personnage de Richard Phillips. Protégeant par tous les moyens son équipage, il tente parallèlement de faire revenir à la raison ces jeunes pirates, parachuté par un berger qui n’a aucun scrupule à laisser ses brebis s’égarer dans les eaux profondes d’une mondialisation inégale et impitoyable. Le face à face ordonné n’est finalement pas plus celui du tiers monde et de l’occident que celui d’un "père" soucieux et d’un "enfant" cherchant à s’affranchir des règles imposés. Ces rôles inavoués instaure alors une tension humaine supplémentaire qui change l’aventure, la narration devenant plus dense et intense encore qu’elle est parfaitement secondée par l’explosif "run & gun" de Paul Greengrass. Malgré un suspens moins stupéfiant que celui proposé par les précédentes oeuvres du réalisateur, et un rythme qui se fossilise peu à peu à l’intérieur du canot de survie, Capitaine Phillips tient son cap jusqu'à un dernier acte au cours duquel l'ordonnance des personnages et du monde est littéralement réformé. (3.5/5)
Captain Phillips (États-Unis, 2013). Durée : 2h14. Réalisation : Paul Greengrass. Scénario : Billy Ray. Image : Barry Ackroyd. Montage : Christopher Rouse. Musique : Henry Jackman. Distribution : Tom Hanks (le capitaine Richard Phillips), Barkhad Abdi (Muse), Michael Chernus (Shane), Yul Vazquez (le capitaine Frank Castellano), Max Martini (le commandant des Seals), Catherine Keener (Andrea Phillips).
On pourra reprocher au film la seconde partie un poil longuette & usante, à part ça le film tient la route, pardon la mer, c'est bien filmé & Hanks y est parfait comme souvent.
RépondreSupprimerJ'ai préféré néanmoins "A Hijacking" de Tobias Lindholm, plus sobre mais bien plus opressant.
J'en ai entendu parlé de ce Hijacking. J'y jetterais un oeil lorsqu'il sortira en vidéo.
SupprimerJ'ai raté "Hijacking" cet été. Je vais sûrement devoir faire l'impasse sur celui-ci aussi. Le dernier Greengrass que j'ai vu c'était "Green zone". Je suppose qu'il n'a pas renoncé à son style embedded et à cet aspect semi-documentaire. Ton commentaire donne envie de vérifier en tout cas.
RépondreSupprimerSi cela peut te rassurer, il s'est un peu calmé avec sa shaky-cam.
SupprimerExcellent film, je rejoins @Ronnie, la fin est un poil trop tiré en longueur. Mais Greengrass prouve que sont style est une valeur sûre... 3/4
RépondreSupprimerLe seconde partie est moins percutante, c'est vrai.
SupprimerFort bien rythmé et riche en tension, Greengrass signe un film caméra à l'épaule encore une fois mais ses mouvements sont moins bourrins, critique qui revient quasiment tout le temps chez les spectateurs vis à vis de son cinéma. Sauf qu'il y a ceux qui savent manier une shaky-cam et ceux qui ne le savent pas. Greengrass sait et insère le spectateur dans une histoire encore une fois incroyable mais vraie et qui fait froid dans le dos. Un film qui confirme encore une fois que quand Tom Hanks prend des risques (ce qu'il avait déjà fait en jouant un tueur dans Les sentiers de la perdition ou dans Cloud Atlas), cela marche assez souvent.
RépondreSupprimerTom Hanks joue vraiment très bien d'ailleurs, mais c'est sa dernière scène qui m'a littéralement scotché. Cette façon qu'il a de jouer le lâcher prise de son personnage est magnifique, j'en avais les larmes aux yeux.
SupprimerOui c'est clair que le final est superbe, justement par le fait que son personnage (enfin, personnage) ressort d'une épreuve où il aurait pu mourir à chaque seconde.
SupprimerTout à fait d'accord :)
SupprimerSinon, tu peux parler de personnage. Les biopics sont aussi des oeuvres de fiction.
Intéressante chronique. Les bons retours ne me surprennent pas, la bande annonce dévoilait déjà un soucis de réalisme bienvenu pour un tel sujet. Content de savoir que Tom Hanks est au niveau quand il tient la barre sur ce cargo.
RépondreSupprimerSans être non plus une révélation, je confirme que Tom Hanks est vraiment très convaincant dans son rôle.
SupprimerUn film que je te conseil en tout cas :)
Enfin rattrapé ! Effectivement un bon film, j'accorderais un 3,5/5. Le rythme y est plutôt bon, l'exposition des personnages y est bien gérée et l'histoire tient la barre. Mais effectivement, à partir du départ dans la barque de survie, les choses se rallongent. Bonne gestion en tout cas de la situation et des protagonistes.
SupprimerLa seconde partie dans la canot est vraiment le point noir du film. Cette partie aurait peut-être gagné à être raccourcis.
SupprimerEn effet la seconde moitié dans la canot peine un peu - faute à l'imposition du point de vue de la Navy, à mon goût, le huis-clos en lui-même était amplement nécessaire. Sinon Tom Hanks y est superbe, il m'a fait pleurer lors des dernières minutes, en une poignée de secondes il te fait comprendre et sentir tous les ressors d'une telle expérience.
RépondreSupprimerLe point de vue de la Navy brouille un peu le suspens du film. Je pense comme toi que le huis-clos se suffisait à lui même.
SupprimerC'est drôle, ça ne me tente pas ce truc... Trop marre de voir tous les sujets de réalité dramatiques devenir des films... Et s'ils filmaient des choses heureuses pour changer ?
RépondreSupprimerC'est vrai que cette mode commence essouffler les attentes des spectateurs. Mais bon, cela permet aux producteurs de gagner du temps dans l'écriture, et le temps, c'est de l'argent ;)
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