13 novembre 2013

Bande Originale : Quai D'Orsay

Compositeur : Philippe Sarde
Quartet Records/2013/36:00

Trois ans après La Princesse De Montpensier, le compositeur Philippe Sarde et le réalisateur Bertrand Tavernier se retrouve sur la comédie Quai D’Orsay.

Enfin un peu d’air frais dans cette rubrique "bande originale»". En effet, j’ai pour (sale) habitude de me tourner systématique vers le cinéma américain et sa musique, oubliant que nous avons, chez nous, un magnifique vivier d'artistes. Du haut de ses soixante-cinq printemps, Philippe Sarde fait parti de ces grands compositeurs bien de chez nous, au même titre que Bruno Coulais, Armand Amar ou Philippe Rombi, et il était donc temps braquer nos oreilles vers le son produit par notre douce France.

Aussi réduite soit la présence de la musique originale à l'écran, elle est néanmoins manipulé avec beaucoup de soin par le réalisateur et son monteur, ménageant chacune de ses apparitions afin qu'elle puisse marquer durablement notre oreille. La principal contrainte que Bertrand Tavernier à fixé à Philippe Sarde lorsqu'il s'est penché sur la musique, c'est qu'elle ne "stabylote" pas les effets et le rythme comique produit par le jeu des acteurs et le montage, qu'elle ne souligne pas le burlesque des situations proposées. Un défi que le compositeur relève haut la main. Le velouté des ambiances drapant le bureau du ministre, la tâche byzantine du jeune Arthur Vlaminck, l'éclat de la fonction de ministre face à l'anonymat du travail accomplit par son chargé du langage, tout cela, on le retrouve dans les choix musicaux effectués par Sarde, s'orientant vers le jazz, couchant ainsi des ambiances denses, subtiles et enlevées que l’on doit en parti aussi à la présence de Riccardo Del Fra au sein de l’orchestre. Ce score porte en lui le raffinement des décors, des dialogues et de la mise en scène. À la demande de Tavernier, le compositeur s’est même amusé à imprimer des expressions plus exotiques et ethniques qui servent davantage à ouvrir le champ bureaucratique du ministère, d’incarner ce mélange de souveraineté à la française et cette constante volonté d’ouverture vers le péril du monde. À ce titre, l’utilisation du didgeridoo dans le cadre d'une excursion à New-York (Arrivée À New-York) apporte un contre-point intelligent, une frivolité inattendue qui tranche avec l’élégance symphonique de l’orchestration occidentale traditionnelle. Une émulsion que l’on rencontre également au sein du titre Les Nuits D’Une Demoiselle, ou le texte volontiers sexué se mélange à la grâce vocale de Colette Renard. Indéniablement, Quai D’Orsay bénéficie d’une superbe reliure musicale, parmi les plus achevées de cette année cinématographique. (4.5/5)

Tracklist

01. Arrivée Au Quai D'Orsay (2:15)
02. Le Bureau D'Arthur (1:39)
03. La Routine (1:17)
04. Maupas (0:48)
05. Résolution D'un Conflit (1:06)
06. Sandwich Réflexion (0:42)
07. Stabylo (1:23)
08. La Course Du Ministre (1:10)
09. Arrivée À New York (1:00)
10. Oubanga (2:06)
11. Manuel De Résolution Des Crises (1:51)
12. Réveil D'Urgence (2:10)
13. Discours À L'ONU (4:43)
14. Les Nuits D'Une Demoiselle (Thierry Fremont) (0:45)
15. Les Nuits D'Une Demoiselle (Colette Renard) (2:27)
16. Step On The Gas ! (April March & Bertrand Burgalat) (3:55)
17. Girl In Your Raindrop (Jöel Daydé & Bertrand Burgalat) (3:40)
18. Arrow In The Wall (Jöel Daydé & Bertrand Burgalat) (3:13)


4 commentaires:

  1. Excellent article, il faut que je t'embauche. lol

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  2. Un score discret à l'écriture élégante et amusante, de la part du grand Sarde, une telle réussite n'est même pas une surprise!

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    1. C'est vrai que venant de Sarde, on ne peut que s'attendre à de la grande musique.

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