14 novembre 2013

Film : The Mist

The Mist (2008)

Réalisateur : Frank Darabont
Genre : Fantastique

Synopsis :

Une mystérieuse et dangereuse brume envahit la petite ville de Bidgton, séquestrant ainsi une poignée de riverains dans un supermarché.



Après une légère mise en sommeille de sa carrière cinématographique pour se consacrer à la production (Salton Sea, Collateral), et à la télévision (participation aux séries Raines et The Shield), Frank Darabont revient enfin à la réalisation avec The Mist. Une nouvelle étape, sa troisième, sur les terres du "King of horror", auteur avec lequel il a noué une profonde amitié teinté de succès, celui de deux adaptations (Les Évadés, La Ligne Verte) qui ont couronné la carrière international du réalisateur et marqué durablement les esprits. Il fallait au moins cela pour redorer le blason de Stephen King, lui qui vit ses bébés (Dreamcatcher, Fenêtre Secrète) taillé en pièce par le compresseur Hollywoodien. Mais les choses ont un peu changé pour Frank Darabont. Vestige de son passage sur le petit écran, il arbore ici une mise en scène sèche, bordée par une camera portée et un cadrage très serré. L'expérience visuelle est, de prime abord, assez perturbante pour qui connait le style du cinéaste, prenant ainsi à contre pied l'académisme esthétique que certains reprochaient jadis. Sans doute dans l'idée de se départir de cette image de mercenaire à la solde des abattoirs à récompense (Oscar et Golden Globe), ce style sert finalement à merveille l'urgence porté par l'histoire qui nous est présentée. L’immersion dans cette ambiance délétère est donc accrue, et ce malgré la piètre qualité des effets spéciaux, un élément qui devaient, par ailleurs, à l'origine, être masqué par l'utilisation d'un noir et blanc finalement écarté par décision du studio dirigé par le tyrannique mogul du cinéma indépendant, Harvey Weinstein. Une idée qui aurait davantage souligné ce parfum d'hommage dédié à un certain cinéma, celui des drive-in, de Ray Harryhausen, de Drew Struzan, inestimable illustrateur auxquels le réalisateur rend un délicat hommage en ouverture de son terrifiant balais de monstres. The Mist porte d'ailleurs en lui toutes les obsessions de Stephen King : son Maine natal, mais aussi le pouvoir dévastateur de la religion, l'irruption du fantastique dans le quotidien, la longue marche vers la folie, le rapport hiérarchique entre les individus. Mais si l’on retient essentiellement de ce tableau désespéré les motifs d'une fourmilière qui sombre peu à peu dans la peur, l'obscurantisme et le fanatisme, brillamment incarné ici par Marcia Gay Harden, le fil rouge de ce voyage au bout de l'enfer - appuyé par le superbe épilogue, qui voit le retour discret d’un personnage disparut dès les premières minutes suivant l'attaque du brouillard - repose en réalité sur la sauvegarde de l'espérance. "L'espoir, c'est la vie". Une fermeture troublante, intense et fascinante, qui fait de The Mist une oeuvre d’exception. (4/5)


The Mist (États-Unis, 2007). Durée : 2h00. Réalisation : Frank Darabont. Scénario : Frank Darabont. Image : Rohn Schmidt. Montage : Hunter M. Via. Musique : Mark Isham. Distribution : Thomas Jane (David Drayton), Marcia Gay Harden (Mme Carmody), Laurie Holden (Amanda Dunfrey), Jeffrey DeMunn (Dan Miller), Toby Jone (Ollie), Frances Sternhagen (Irene), Andre Braugher (Brent Norton), William Sadler (Jim), Alexa Davalos (Sally)

16 commentaires:

  1. Ah ah, je vois que ça t'a plu aussi ! Ton billet est très "technique" : j'adore !

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  2. Très bonne critique pour ce superbe film fantastique de Darabont. Et en effet, quel épilogue ! J'étais littéralement explosé pendant des jours après le visionnage en salles.

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    1. C'est une fin qui restera, je pense, dans les mémoires du cinéma fantastique.

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  3. Imparfait (psychologie tracée à gros traits) mais formidablement attachant de par sa facture de série B à l'ancienne. Darabont profite d'une très intéressante étude du genre humain offerte sur un plateau par le King du Maine pour préparer le terrain de ses passionnants "walking dead". Mais le format très étriqué du film l'enferme malheureusement dans un schématisme un peu grossier (la faute à un héros qui se "christophelambertise" à vue d'oeil) dont le dernier acte laisse étrangement perplexe. Bon film, mais pas ultime.

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    1. C'est vrai que Thomas Jane à des airs de Christophe Lambert :)

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  4. Le film est parfois mal fait (et oui Harvey préfère mettre des ronds dans Chambre 1408...) avec des effets-spéciaux pas trop au point, mais le reste saute à la gueule. C'est d'une violence psychologique absolument furieuse et ce final (qui en plus ne vient pas de King) est d'une brutalité frappante. Tom Jane trouve son meilleur rôle avec son rôle de toyboy dans Hung.

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    1. Finalement, en l'ayant revu, je n'ai pas trouvé Thomas Jane si exceptionnel. Mais c'est sûr qu'à coté de The Punisher, c'est cent fois plus convaincant.

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  5. J'ai revu le film plusieurs fois et je dois avouer qu'il est vraiment très bon.

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    1. Après, je ne dit pas qu'il est mauvais non plus. Mais bon...

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  6. Un essai qui rend pleinement justice à la nouvelle d'origine, hélas, les effets spéciaux sont le tendon d'Achille de cette honnête série B. Qui d'ailleurs se révèle davantage marquante pour son final ultra nihiliste. Une musique pas géniale également. Pour un résultat qui fait vraiment plaisir.

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    1. J'aurais plutôt dit "le talon d'Achille", mais j'ai compris où tu voulais en venir ;)

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  7. Thomas Jane trouve ici le meilleur rôle de sa carrière. Excellente adaptation et puis cette fin...

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    1. C'est vraiment une fin que l'on gardera très longtemps en mémoire.

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  8. Il me faudrait revoir le film, ne l'ia pas revu depuis qu'il est sorti, mais m'a laissé une impression de film inabouti, comme si Darabont avait effleuré la surface de l'oeuvre de King, surement contraint par Weinstein comme tu l'as bien noté.
    En plus, l'occasion de revoir le grand Tom Jane das un premier role. Suis-je le seul à avoir apprécié son interprétation dans l'excellente série "Hung"? :D

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    1. Je ne l'ai pas vu dans cette série, mais parait qu'il y est excellent.

      The Mist est inabouti peut-être techniquement, mais le scénario est plutôt dense, même si il y a toujours moyen de faire plus dans ce domaine. Et puis, comme tu le dis, à voir aussi ce que les frères Wenstein ont imposé en terme d'écriture et de mise en scène à Frank Darabont.

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