27 mai 2013

Film : Only God Forgives

Only God Forgives (2013)

Réalisateur : Nicolas Winding Refn
Genre : Thriller

Synopsis :

À Bangkok. Billy est assassiné après avoir violé et tué une fille de joie. Alors que son frère cadet Julian renonce exécuter son bourreau, sa mère, Crystal, débarque afin de s'occuper personnellement de cette vengeance.


Difficile d’émettre un avis définitif et tranché sur cet Only God Forgives. De bonnes choses sont à mettre au crédit du nouveau cru de Nicolas Winding Refn à commencer par sa musique, toujours dirigée par Cliff Martinez, parfois cauchemardesque, régulièrement nébuleuse, très souvent électrique, soufflant sur le récit un souffle de fatalisme barbare qui sied parfaitement avec les intentions du réalisateur. La finesse surnaturelle de la photographie signée Larry Smith participe également au charme du film, embrassant chaque décor avec une lumière qui lui est propre, tout comme le passionnant complexe oedipien que le cinéaste développe autour de son personnage principal impuissant, ne parvenant pas à se défaire de sa castratrice de mère qui l’a pourtant négligemment laissé de coté pour vouer un culte presque incestueux à son frère aîné. Une quête existentielle au cours de laquelle il devra affronter un inspecteur régnant tel un dieu sur les vies des personnages dont il croise la destiné. Tout en symbolique, explorant les arcanes des pulsions et frustrations de son héros, la mise en scène, très économe en mouvement et en parole, se révèle être le moteur du film avec sa distribution qui, elle non-plus, ne se montre pas excessivement turbulente (hormis l'étonnante Kristin Scott Thomas, matriarche maquillée en pouffe vulgaire). Ceux qui attendent d’Only God Forgives ce qu’ils ont eu avec Drive seront forcément déçus ou tout du moins, resterons sur le bord de la route en contemplant les déserteurs effrayés par le flot de violence physique et psychique sur laquelle s'épanche le réalisateur ("le cinéma est un acte de violence" : on veut bien le croire) ou harassés par cette esthétisme contemplatif si extrême qu'elle franchit les limites de l'auto-caricature. La clé de l’énigme se situe peut-être dans cet hommage avoué à Alexandre Jodorowsky mais le mieux reste d’aller soi-même franchir le palier de son cinéma d’art et d’essai pour se construire sa propre opinion. (2/5)

En Bref
  • Les + : Les thèmes brassé par l'histoire, la photographie de Larry Smith, la musique de Cliff Martinez et une Kristin Scott Thomas impériale.
  • Les - : L'impression que Nicolas Winding Refn se caricature, un traitement qui nous éloigne des enjeux de son intrigue et la mollesse de Ryan Gosling et de Vithaya Pansringarm.

21 commentaires:

  1. Valhalla Rising m'avait carrément fait ch..., Drive pas mieux, je ne vais donc pas tenter Only God Forgives.
    Le cinéma de Winding Refn me laisse de marbre.

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  2. C'est vrai que c'est un peu mou comme film. C'est spécial, mais l'atmosphère visuelle est quand même très soignée et belle. Au final très mitigé aussi sur ce film.

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    1. On est sorti un peu déboussolé de la salle mais au moins, on est resté jusqu'au bout, pas comme certain :)

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  3. ouais, faut voir. C'est bien gentil de vouloir rendre hommage à Jodo, mais ne réalise pas santa sangre ou la montagne sacrée qui veut

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    1. Même si je n'ai vu Santa Sangre ou La Montagne Sacrée (décidément, faut que je les regarde ces films), je suis d'accord avec ta remarque.

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  4. Ah, de mon côté, j'ai bien aimé. Effectivement, c'est le style Refn. Magnifique, d'une belle intensité, mais on peut y voir du vide... Un polar bien troussé pour ma part, classique dans les ingrédients, mais doté d'une ambiance digne des chefs d'oeuvres (j'ai un peu pensé à Vinyan, même si les registres sont très différents...).

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    1. Pas vu Vinyan. Pour le reste, on accroche ou pas, le rythme imprimé à l'ensemble reste très spécial.

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  5. Un gros coup de poing pour les fans de Drive et ça fait du bien! On évite de faire la même chose et tant mieux! Vaut mieux cela, quitte à décontenancer que refaire la même chose et se planter totalement. Bien joué Nicolas! Pour le reste, Gosling se caricature trop et l'ambiance pourra en décontenancer plus d'un au point de se dire "bon il va se passer quelque chose?!". Mais curieusement, ça m'amuse. Cela permet de voir un cinéma un peu plus couillu et qui ose décontenancer. C'est autre chose que la plupart des films qui semblent sortir de Cannes cette année. ;)

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    1. Sans te contredire (tu as d'ailleurs tout à fait raison), tu soulèves ici un probléme qui n'est pas que dans le cinéma mais dans l'art en général. Comme tu le dis, on aime ou pas mais est ce que l'on doit saluer les performances d'un artiste comme Pierre Soulages sous le prétexte que ses tableaux noirs déconcertent la vision du public ? Je pense qu'il y a des limites à ce genre de prétexte et d'utiliser ce sentiment pour faire valoir les qualités relatives d'une œuvre ne me convainc pas. Évidemment, je ne critique ni ceux qui aime ni ceux qui déteste et on peut effectivement être amuser par ces procédés, mais je m'interroge juste sur le fait d'excuser les parti pris d'une œuvre par le fait de vouloir déconcerter et ainsi faire l'impasse sur ses réels défauts.
      Mais je coupe peut-être les cheveux en quatre en faisant cette réflèxion.

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    2. Pour moi, ce n'est pas de l'art. C'est un peu ce que dit Omar Sy dans Intouchables, tu saigne du nez et tu vends un tableau. Pareil pour Yves Klein pour moi ce n'est pas de l'art, c'est de la merde. Faire un anti-Drive est pour moi une idée merveilleuse. Je ne vois pas en quoi cela est un problème et le fait de voir un tel décalage est franchement un bonheur pour le spectateur qui ne va finalement pas voir la même chose. C'est d'ailleurs toute la richesse du cinéma: surprendre le spectateur dans quelque chose auquel il n'est pas préparé. Et moi je veux voir plus de film comme cela dans le cinéma actuel.

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    3. Évidemment, ce Only God Forgives déconcerte mais cela reste pour moi comme pour toi du cinéma et de l'art parce qu'il y a une histoire derrière ces plans. Mais j'ai peur à l'avenir que Winding Refn, comme Malick, s'enfonce de plus en plus sur ce terrain au point, un jour, de ne plus faire un film mais un truc sans queue ni tête.

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    4. Je ne pense pas, vu que son nouveau projet c'est quand même une série adaptée de Barbarella!lol On est loin d'un Valhalla Rising et plus du côté d'un Drive.

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  6. Je suis assez d'accord avec Borat (dont je ne partage par ailleurs absolument pas le point de vue sur l'art contemporain) en ce qui concerne le choix audacieux de refn de renoncer à faire de ce film l'attendu "Drive 2". Le choix de Ryan Gosling peut être vu comme un piège tendu aux spectateurs qui ont pu croire que le style Refn, c'est justement le "drive-like". Pour le reste, tu connais ma position qui n'est finalement pas totalement opposée à une partie de tes arguments. En tous cas ça fait sacrément plaisir un film qui permet de confronter autant les avis ici et là.

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    1. C'est effectivement sans doute pour cela que Ryan Gosling est au casting, en plus de remplacer Luke Evans. Tant mieux si ce n'est pas un Drive bis même si on n'y retrouve quelques scories et c'est d'ailleurs peut-être ce qui peut sauver le film en plus de sa facture visuelle et sonore.

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  7. Plus mesuré et plus emballé que toi. Décevant (j'ai porté Refn trop haut, faut redescendre à un moment), mais pas mauvais. De grands moments de ciné dedans, des ratés, et pour finir une expérience inclassable. À voir pour la suite, si Refn, comme tu dis, va se contenter de faire la même chose pendant des années (comme Malick) ou se réinventer complètement.

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    1. Au moins, on ressort de la projection avec quelque chose en tête car il y a des images qui reste. On verra ce que va donner la suite de sa carrière, entre Barbarella et la possibilité de le retrouver à la tête d'un James Bond (ce qui m’étonnerais fortement).

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  8. @ borat8: merci de nous rappeler à la mémoire cette purge visuelle qu'est Valhalla Rising :D
    L'hommage à Jodorowsky m'avait tué à la fin du film, je me disais que Refn était encore loin d'arriver à son niveau! Mais reste que son film est une expérience surement efficacement déstabilisante.

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    1. C'est toujours très compliqué d'égaler un modèle, quel qu'il soit.

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  9. Fan de la première de NWR il signe là encore un grand film. Cependant, et depuis "Drive", je trouve que Hollywood arase le côté rugueux de son style. Attention pour la suite comme le prouve ma note 3/4 (ma plus mauvaise pour un NWR)

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    1. Moi j'ai surtout peur qu'il fasse toujours la même chose avec le même dispositif et les mêmes personnages comme c'est le cas avec Malick.

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