11 novembre 2013

Film : Quai D'Orsay

Quai D'Orsay (2013)

Réalisateur : Bertrand Tavernier
Genre : Comédie

Synopsis :

Jeune diplômé de l'ENA, Arthur Vlaminck est appelé par le Quai D'Orsay afin de devenir le nouveau chargé de "langage" du ministre des affaires étrangères, Alexandre Taillard De Worms.



L’ami américain, conservateur du cinéma mondial à l’Institut Lumière, le réalisateur Bertrand Tavernier se frotte désormais à l’adaptation d'une BD française. À l’origine, Quai D’Orsay est une oeuvre littéraire couchée par le dessinateur Christophe Blain et le scénariste Abel Lanzac, diplomate français qui avait alors décidé de livrer son expérience passée aux ministères des affaires étrangères aux cotés de Dominique De Villepin, dont il s’inspire très largement pour dessiner les contours physio-psychologique d’Alexandre Taillard De Worms. Particulièrement soucieux de pérenniser l’esprit originel de l’oeuvre, Bertrand Tavernier en propose une adaptation qui marie une vision quasi documentaire de la sphère dans laquelle évolue notre héros, un jeune scribouillard diplômé à l’ENA parachuté à la tête du langage administré par son ministre de tutelle, au burlesque, héritage commun au cinéma et à la bande-dessiné, soulevé par un graphisme sonore et visuel raffiné. Le film se veut donc comme une satire politique brute, ne s'encombrant guère d'arc narratif inutile et ne cherchant aucunement à achever un propos engagé. Durant les 110 minutes, le cinéaste tient bon le cap, sans humanisation excessive ni effet de manche artificiel, pour uniquement focaliser sa caméra sur les mécanismes des coulisses de la politique médiatique, et surtout, l’exigence maladive et quasi schizophrénique d’un ministre caractériel, splendide homme de lettre dans l’incapacité de poser lui-même ses propres mots sur un discours. Pour incarner la candeur souveraine de ce personnage, Thierry Lhermitte se révèle être un choix curieux, mais finalement tellement évident lorsqu’il prend la parole et la gestuel des hommes de pouvoirs que l'on en oublie les orientations artistiques douteuses qu'il a additionné ces dix dernières années. Son dynamisme élève ainsi le film et les nombreux dialogues vers le haut, aux cotés d'un délicieux Niels Arestrup et de quelques seconds rôles de choix (Thierry Frémont, Julie Gayet, Bruno Raffaelli). Plus effacé, Raphaël Personnaz apporte néanmoins une touche de charme et de naturel à un ensemble digne d'intérêt. (3.5/5)


Quai D'Orsay (France, 2013). Durée : 1h53. Réalisation : Bertrand Tavernier. Scénario : Bertrand Tavernier, Christophe Blain. Image : Jérôme Alméras. Montage : Guy Lecorne. Musique : Philippe Sard. Distribution : Thierry Lhermitte (le ministre Alexandre Taillard De Worms), Raphaël Personnaz (Arthur Vlaminck), Niels Arestrup (le directeur de cabinet Claude Maupas), Bruno Rafaelli (Stéphane Cahut), Julie Gayet (Valérie Dumontheil), Thierry Frémont (Guillaume Van Effentem), Anaïs Demoustier (Marina).

14 commentaires:

  1. J'aurais malheureusement pas le temps de le voir. DVD donc...

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    1. En tout cas, tu as maintenant une petite idée de ce que vaut ce très bon film.

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    2. Avec Tavernier, je sais bien que cela relèvera toujours un peu le niveau d'un certain cinéma français. Vaut mieux mettre de l'argent sur le nom de Tavernier que sur d'autres...

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    3. C'est vrai que Tavernier à rarement réalisé de mauvais films.

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  2. Merci pour cet avis, ça me conforte dans l'idée de le voir !

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  3. Visiblement très intéressant. Tavernier investit donc les allées du pouvoir, s'essaie comme Pierre Schoeller à "l'exercice de l'Etat". C'est sand oute très caustique. On connaît la verve du bonhomme pour démonter un système comme dans "ça commence aujourd'hui" avec l'éducation et "L 627" pour la police. Mais comme Borat, pas sûr que je trouve un moment pour m'y coller mais ton avis positif m'incite à me bouger.

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    1. Je n'ai vu qu'un film de Tavernier, c'était Dans La Brume Électrique, que j'avais trouvé sympa. Mais il faudrait que je découvre Ça Commence Aujourd'hui et L 627. Ce sont des films qui reviennent régulièrement quand on parle de lui.

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    2. Oula va falloir réviser mon bon 2flics. Alors je te conseille comme Prince L627 (pas vu l'autre), Que la fête commence, Capitaine Conan et La vie et rien d'autre.

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  4. Aha, positif à ce point, donc... Intéressant, il faudra que je trouve le temps de me concentrer dessus. Et finalement content de retrouver Lhermitte dans un vrai rôle, ça faisait longtemps... Le côté politique m'intéresse toutefois davantage que l'aspect Comédie qui semblait être avancé par la bande annonce...

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    1. La bande annonce vend très mal le film. C'est comique, mais en creux, il se dessine une jolie vision de la politique du discours.

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  5. Comme tu le dis si bien, Lhermitte est formidable, et lui pardonne ses quelques écarts de casting récents, mais bon sang, Bruno Rafaelli était magistral également.

    En parlant de Tavernier, ca m'a donné envie de revoir "Coup de Torchon". On est à des lieux de la comédie, mais un autre grand film!

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    1. Bruno Raffaeli est la performance discrète de ce film. Il est excellent dans son rôle de conseiller.
      Pas vu Coup de Torchon non plus, mais c'est peut-être celui qui me tente le plus dans le lot.

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  6. merci pour ton résumé, il semblerait que ce soit un bon film. Néanmoins j'ai un gros problème avec le sujet et plus particulièrement ces ministres, hauts fonctionnaires, politicards qui nous pourrissent la vie et le pays depuis si longtemps. Je vais donc m'abstenir de dépenser 8 € même pour un bon film, je crois que je serais encore plus en colère en sortant du cinéma, ce qui n'est pas le but premier d'un divertissement.

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    1. Ce n'est effectivement pas le but d'un divertissement, et certainement pas de ce film. Néanmoins, on ne ressort pas de Quai d'Orsay en colère. C'est la grande qualité du film, celle de nous faire oublier toutes ces affaires, tous ces scandales et ces coups de canifs dans la morale publique pour ne retenir que l'exercice de la conception et de l'interprétation des discours officiels.

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