15 janvier 2013

Film : Dans La Vallée D'Elah

Dans La Vallée d'Elah (2007)

Réalisateur : Paul Haggis
Genre : Drame

Synopsis :

Hank Deerfield, ancien agent de la police militaire, part à la recherche de son fils Mike dont il n'a plus de nouvelle depuis son retour d'Irak.


Sur l’ensemble des œuvres qui ont eu pour objet la guerre menée en Irak par le président George Bush Jr., Dans La Vallée D’Elah se révèle être l’un des plus subtil et l'un des plus réussit. Le réalisateur et scénariste Paul Haggis, dont c’est ici le second long métrage, illustre son sujet en suivant le personnage de Hank Deerfield, ancien militaire dont les certitudes vont être remises en question alors qu’il enquête sur la disparition de son fils récemment revenu du front irakien. Ce n’est pas tant la guerre elle-même que la façon dont elle est menée sur le terrain que le cinéaste condamne à travers son récit et les micro-intrigues qui le jalonne. Ainsi, c’est sur les conséquences sociales et plus particulièrement la déréalisation de l’existence humaine (la chair et la consommation sont alors intimement liées - strip-teaseuses, alcools, drogues, prostitués) qu’engendre ce type de conflit chez ses plus jeunes serviteurs que repose le récit. Ils reviennent perdues, ne distinguant plus le bien du mal, ne voyant en l'autre qu'un morceau de viande dépourvue d'humanité. Ce long métrage n’est d’ailleurs pas dépourvu d’images et scènes fortes (dont une, glaçante, à la morgue), mais elles parviennent, par la grâce d’une réalisation, d'un montage et d’une musique aux effets mesurés, à ne jamais tomber dans les chausse-trapes dressées par le genre. La pudeur et la sincérité est donc de mise, soutenue par une superbe distribution, où la présence de l’immense Tommy Lee Jones, de la superbe Charlize Theron et de l’excellente Susan Sarandon élève Dans La Vallée D’Elah au rang de petit chef d’oeuvre. (4.5/5)

En Bref
  • Pourquoi c'est bien : parce que Tommy Lee Jones porte sur son visage toutes les blessures de l’Amérique, que Charlize Theron parvient sans mal à imposer son personnage d’enquêtrice, que la musique de Mark Isham et la photographie de Roger Deakins donne une épaisseur supplémentaire à l'histoire, que Paul Haggis parvient à créer l'émotion sans chausser ses gros sabots, et que le film parvient à nous montrer les problèmes engendrés par la guerre d'Irak.
  • Pourquoi c'est pas bien : parce que le versant policier est un peu moins passionnant que la partie mélo-dramatique.

17 commentaires:

  1. Mon préféré de Haggis. En effet ça ne tombe jamais dans le pathos exacerbé, c'est très minutieux pour un drame, et Tommy Lee Jones est tout bonnement remarquable.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'aime énormément Collision, mais je trouve aussi que le traitement de l'émotion le hisse un poil au dessus de ses autres films.

      Supprimer
  2. Peut être trop lent (le phénomène un peu chiant des films indé ricains), mais franchement frappant. Ou comment la barbarie d'une guerre sans intérêt a touché tout une génération. L'Irak, le Vietnam des années 2000. Je crois d'ailleurs que c'est une des dernières fois que Claude Giraud a doublé Tommy Lee Jones, tout un symbole.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On peut pas dire que le film soit vif, même si je n'ai pas ressentit cette lenteur.
      Et je confirme : c'est bien le dernier doublage de Claude Giraud pour Jones. Depuis, ce n'est plus pareil (même si on s'habitue, comme pour Leonardo DiCaprio)

      Supprimer
    2. Perso j'ai vraiment beaucoup de mal pour Dicaprio. La preuve je ne regarde Inception qu'en VO désormais.

      Supprimer
    3. Effectivement, le mieux reste la V.O.

      Supprimer
    4. Sinon ce qui m'avait choqué en le revoyant c'était le passage de Kazan. On part d'un chien tué et cela prend des proportions désastreuses.

      Supprimer
    5. Oui, une scène très forte qui m'a aussi marqué.

      Supprimer
    6. Sur le coup, comme je l'avais vu à sa sortie, je ne me souvenais absolument plus de cette scène. C'est en le revoyant lors de son passage sur FR3 que je m'en suis souvenu. Dans le glauque et crépusculaire, ça se posait là.

      Supprimer
  3. Surestimé pour ma part... Susan Sarandon dans un rôle sans consistance, on s'attends à une dénonciation de la guerre en bonne et du forme... Et non, la guerre en Irak n'est qu'un prétexte (eh oui ça fait vendre !), le film reste une enquête policière classique sur des poivrots qui en tue un autre... BOF... 1/4

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je trouve que tu réduit vachement le propos, la guerre en Irak à son importance dans les évènements et le réalisateur dénonce les conséquences de cette guerre sur les jeunes soldats. Après, effectivement, Susan Sarandon n'a qu'un rôle émotionnel dans le film, mais elle joue tellement bien.

      Supprimer
  4. Comme souvent, Haggis livre un film émotionnellement lourd et humain. Mais, comme le dit Max, il est mieux équilibré, ce n'est pas que patho. Et les acteurs contribuent énormément à la réussite.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est clair que les acteurs contribuent énormément à la réussite du film.

      Supprimer
  5. Je ne trouve pas, la guerre en Irak est à peine effleuré et je ne vois pas les réels conséquences de la guerre. Ce genre de faits divers est monnaie courante, pas besoin de guerre pour en voir.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je trouve, au contraire, que cette guerre exploité sans lourdeur via les videos et les photos que Tommy Lee Jones tente de décrypter pendant tout le film, comme si la réalité du terrain était inaccessible. Ce genre de fait divers est courant dans la sphère des malades mentaux, pas dans celle des gens normaux. La source du désordre mental n'est pas la même dans les deux cas. La guerre telle qu'elle est décrite dans le film broie les jeunes qui ne sont pas préparé à l'affronter psychologiquement. Ce que montre le film, c'est que les soldats y perdent toute notion des réalités, qu'ils reviennent perdues. Ces réflexions sont là dans le film, à travers plusieurs cas, plusieurs témoignages.

      Supprimer
  6. Lourd, dur, sans concession, j'avais moi aussi beaucoup aimé ce film.

    RépondreSupprimer