Film : 38 Témoins

38 Témoins (2012)

Réalisateur : Lucas Belvaux
Genre : Drame, Thriller

Synopsis :

Louise, rentrant d'un voyage d'affaire, apprend qu'une jeune étudiante a été assassiné en face de chez eux. Le fiancé de Louise, Pierre, qui est pilote au port du Havre, n'était pas au domicile la nuit du meurtre. Pourtant, il semble d'avantage choqué par ce crime que ses voisins.

Trois ans après le fabuleux Rapt, Lucas Belvaux nous livre un nouvel uppercut, malheureusement passé inaperçu en salle. Cette libre adaptation de l'excellent Est-Ce Ainsi Que Les Femmes Meurent ? de Didier Decoin, roman basé sur l'histoire vraie du meurtre de Kitty Genovese dans le Queens, en reprend le moteur principal qui est l'étude comportementale de notre société. Le réalisateur, également scénariste, évacue donc totalement l'enquête et la recherche de l'identité du meurtrier, préférant se fixer sur la psychologie sociale pour dévoiler l'apathie qui nous anime. Trente-huit personnes ont entendu cette jeune étudiante crier, hurler sa mort dans la rue, et pourtant, personne n'a appelé la police, personne n'a apporté son témoignage. Tout ce petit monde s'est retranché dans son petit quotidien bien cadré que retranscrit magnifiquement la caméra de Belvaux. La société efface les traces de ce crime alors que Nicole Garcia, renversante dans le rôle de la journaliste, tente de l'exhumer pour l'exposer au monde. Et le scénario se révèle tout simplement brillant dans sa façon d'exposer les enjeux intimes et sociaux qui accompagnent la démarche de chacun des personnages. Pessimiste et glaçant (la bande-son froidement contemplative d'Arne Van Dongen et la composition taciturne d'Yvan Attal donne parfaitement le ton), 38 Témoins délivre, à la suite d'une scène de reconstitution proprement insoutenable, son terrible constat : rien, absolument rien ne peut expliquer une telle réaction. (5/5)

En Bref

• Pourquoi c'est bien : parce que la mise en scène de Lucas Belvaux est parfaite, que le casting est impeccable, que la façon dont le scénario nous présente les errements moraux de ses personnages est prodigieuse, que la photographie de Pierric Gantelmi d'Ille ainsi que la musique d'Arne Van Dongen parachève l'atmosphère construit le réalisateur, et que l'on a jamais vu une scène de reconstitution aussi violente psychologiquement.

• Pourquoi c'est pas bien : R. A. S.