Réalisateur : John Ford
Genre : Western
Synopsis :
Lors de son retour à Shinbone pour l'enterrement de Tom Doniphon, le sénateur Ransom Stoddard se remémore ses débuts d'avocat dans cette ville ainsi que sa lutte contre Liberty Valance, un dangereux mercenaire.
Derrière son noir et blanc, L'Homme Qui Tua Liberty Valance cache une vertigineuse modernité qui le fait incontestablement entrer dans la cours des plus beaux chefs d'oeuvre du genre. Le réalisateur John Ford réunit ici deux monstres sacrés du septième art : James Stewart, acteur intellectuel alors en pleine période western, et John Wayne, incarnation de la virilité à l'américaine. Accompagnés de la lumineuse Vera Miles et de l'excellent Lee Marvin, ils composent un casting qui donne de l'ampleur à une histoire stupéfiante de noirceur et de profondeur. En optant pour une construction en flashback, le cinéaste insuffle un parfum de nostalgie aux effluves poétiques qui pénètre instantanément le long-métrage (en témoigne la douce symbolique du cactus en fleur). Dès lors emporté par cette fragrance, le spectateur suit avec intérêt les déambulations de ces icônes qui tentent de transformer, en bien ou en mal, une société en pleine mutation. Toujours passionné par l'ascension fulgurante des petites gens, John Ford dépeint son Ransom Stoddard comme un futur Abraham Lincoln qui arme légalement ses concitoyens en les sensibilisants à la grammaire, la politique et la justice. En opposant cet idéalisme littéraire au réalisme cynique de Tom Doniphon, le film illustre l’odyssée d'un État de force vers un État de droit. Dès-lors, les personnages sont animés d'un sens du sacrifice qui devient de plus en plus intense et poignant au fil des minutes pour finir sur une note funèbre, dévoilant le revers de l’héroïsme en enterrant dignement l'un de ses plus inébranlables portes-drapeaux. Plus qu'un film, L'Homme Qui Tua Liberty Valance est une leçon riche en enseignement. (5/5)
En Bref
- Pourquoi c'est bien : parce que la poésie de John Ford fait des étincelles, que John Wayne et James Stewart y sont brillants, que Vera Miles est plus lumineuse que jamais, et que l'histoire est superbe.
- Pourquoi c'est pas bien : L'Homme Qui Tua Liberty Valance, ou une certaine idée de la perfection.
Un de mes westerns préférés, l'un de ceux qui m'a fait aimé le genre en tout cas par ses perpétuelles remises en causes des mythes de l'Ouest. Surtout pour un film encore placé au sein du classique hollywoodien. Et c'est aussi l'une des plus belles et intelligentes utilisation du flash-back de l'Histoire du cinéma, quand même, tout à fait d'accord avec ta notion de nostalgie. Ta critique rend justice à ce chef d’œuvre symbolique.
RépondreSupprimerMerci :) Je l'ai découvert la semaine dernière. J'avais acheté le Bluray qui trainait indéfiniment à coté de la TV. Quelle claque ! Comme tu le dis, les flashbacks sont vraiment bien utilisés et bien amenés. Il ne sont pas là pour faire beau mais vraiment pour véhiculer une vision du monde. Je comprend pourquoi tu aimes tant les westerns. Débuter par celui ci donne tout de suite envie d'en voir d'autres.
SupprimerMême si il n'y a pas de bonus, le découvrir dans cette qualité est un argument suffisamment fort pour l'achat du Bluray. Par contre, faut le voir en V.O. (ce que j'ai fait) parce que la V.F. : Pouaaaa !
Vu sur Arte et en effet, Stewart est parfait en anti-héros responsable d'une légende qu'il n'a pas vu venir. Wayne est dans un de ses rares films que j'aime bien et Copburn est parfait en méchant.
RépondreSupprimerC'est Lee Marvin, pas James Coburn :) Sinon, très grand film, en effet, et Wayne est vraiment extra dedans.
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